Le corps et la somatisation

 

 

Lorsque nous vivons un événement difficile, un flot d’émotions arrive : c’est un ressenti émotionnel. Si le ressenti émotionnel est vécu comme inacceptable, les émotions qui apparaissent sont alors court-circuitées, bloquées et cristallisées dans le corps ; très souvent notre respiration se bloque, notre corps se fige ou se tétanise, le cœur peut se mettre à battre très fort, le ventre se noue, nous pouvons ressentir un coup violent dans la poitrine, des tensions apparaissent dans nos muscles, etc.…

 

Ce sont des réactions physiques qu’on appelle sensations corporelles.

 

Nous nous coupons de ces émotions, nous les ravalons en quelque sorte. Même si, par extrême inconfort, le mental ne prête que peu d’attention à ce qu’il vient de vivre, les émotions se sont bien figées dans le corps. C’est ainsi que celui-ci garde la mémoire des événements traumatisants et des émotions refoulées ; c’est ce qu’on appelle la mémoire cellulaire.

 

Il faut savoir que lorsque nous avons été blessés par une expérience douloureuse et que nous en avons refoulé les émotions, les événements de la vie vont constamment venir faire écho à cette blessure originelle, sous des formes bien différentes. Néanmoins, le ressenti restera toujours le même, jusqu’à ce que cette blessure soit regardée.

 

C’est comme cela que nous traînons pendant une bonne partie de notre vie, nos blessures, en ayant la sensation de reproduire constamment le même schéma, dans des contextes différents.

 

Par exemple, la personne ayant souffert de rejet avec l’un des ses parents, va très souvent vivre des situations où elle va se sentir rejetée, ceci dans tous les domaines de sa vie ; personnel, professionnel ou encore amical…  Et toutes les émotions associées vont remonter en surface lors de chaque conflit. Si celles-ci ne sont pas prises en compte, regardées, accueillies, le mécanisme va se répéter indéfiniment.

 

C’est ainsi que la somatisation peut apparaître, à force de tensions subies dans le corps.

 

Pourtant il n'y a rien de systématique à ce que le mal s’exprime dans celui-ci ; c’est un processus qui ne suit aucune règle connue et nous sommes tous très inégaux face à cela. L’apparition d’une maladie ou de maux peut dépendre de plusieurs facteurs :

 

  •  Tout d’abord de l’intensité des émotions vécues, cette intensité dépend complètement de nous et de notre sensibilité propre. Parfois, une personne peut somatiser, seulement quelques heures après un choc émotionnel.
  •  Elle dépend aussi du  rapport et de la reliance que nous avons avec notre corps ; certaines personnes vont somatiser très souvent et longtemps, alors que d’autres, au contraire, ne vont que très rarement être malade, et lorsqu'ils vont l’être, ce sera de courte durée. Pour autant, cela ne veut pas dire que ces derniers gèrent mieux leurs émotions, ou qu’ils n’en ont pas.
  • Cela va dépendre également de notre maturité face à nos blessures, c’est à dire quand nous sommes prêts à sortir de nos fonctionnements. A chaque fois que nous nous sentons blessés par quelque chose et que des émotions se réveillent, c’est toujours l’enfant que nous étions, qui est touché et qui, par ailleurs, va réagir. Ceci explique que nos réactions soient parfois disproportionnées et inadaptées, telles celles d’un enfant. Il s’en suit souvent, des remords, de la culpabilité ou de la honte, car une fois que nous sortons de ce flot émotionnel, et que nous prenons un peu de recul sur la situation, c’est l’adulte qui reprend sa place. Comme il ne comprend et ne contrôle pas ces comportements, il va se juger, parfois se condamner et le conflit intérieur naît. C’est lorsque qu’il commence à y avoir un fort conflit entre ces deux parties en nous, que la somatisation peut apparaître.

 

Ainsi le corps est un allié extraordinaire quand nous décidons d'apprendre à écouter ce qu'il a à nous dire