Le corps et la somatisation
Maud Marguerettaz, mis en ligne le 16/01/2019
Le lien entre la psyché et le corps n’est aujourd’hui plus à prouver, même s’il provoque encore de nombreux débats. Je ne rentrerais pas là-dedans, simplement j’aimerais apporter un éclairage, d’une manière concrète et accessible à ce qui peut se produire dans le processus de somatisation.
Lorsque nous vivons un événement difficile, un flot d’émotions arrive : c’est un ressenti émotionnel. Si le ressenti émotionnel est vécu comme inacceptable, les émotions qui apparaissent sont alors court-circuitées, bloquées et cristallisées dans le corps ; très souvent notre respiration se bloque, notre corps se fige ou se tétanise, le cœur peut se mettre à battre très fort, le ventre se noue, nous pouvons ressentir un coup violent dans la poitrine, des tensions apparaissent dans nos muscles, etc…
Ce sont des réactions physiques qu’on appelle sensations corporelles.
Nous nous coupons de ces émotions, nous les ravalons en quelque sorte. Même si, par extrême inconfort, le mental ne prête que peu d’attention à ce qu’il vient de vivre, les émotions se sont bien figées dans le corps. C’est ainsi que celui-ci garde la mémoire des événements traumatisants et des émotions refoulées ; c’est ce qu’on appelle la mémoire cellulaire.
Il faut savoir que lorsque nous avons été blessés par une expérience douloureuse et que nous en avons refoulé les émotions, les événements de la vie vont constamment venir faire écho à cette blessure originelle, sous des formes bien différentes. Néanmoins, le ressenti restera toujours le même, jusqu’à ce que cette blessure soit regardée.
C’est comme cela que nous traînons pendant une bonne partie de notre vie, nos blessures, en ayant la sensation de reproduire constamment le même schéma, dans des contextes différents.
Par exemple, la personne ayant souffert de rejet avec l’un de ses parents, va très souvent vivre des situations où elle va se sentir rejetée, ceci dans tous les domaines de sa vie ; personnel, professionnel ou encore amical… Et toutes les émotions associées vont remonter en surface lors de chaque conflit. Si celles-ci ne sont pas prises en compte, regardées, accueillies, le mécanisme va se répéter indéfiniment.
C’est ainsi que la somatisation peut apparaître, à force de tensions subies dans le corps.
Pourtant il n’y a rien de systématique à ce que le mal s’exprime dans celui-ci ; c’est un processus qui ne suit aucune règle connue et nous sommes tous très inégaux face à cela. L’apparition d’une maladie ou de maux peut dépendre de plusieurs facteurs :
J’ai donné ici en exemple un choc émotionnel, donc quelque chose de « flagrant », en fait il y a une interaction quotidienne, entre nos ressentis émotionnels, nos pensées et notre corps. Cela se passe en permanence, d’une manière très subtile et souvent imperceptible.
Dans ce sens, même sans parler de somatisation, notre corps est le reflet très exact de notre intériorité, il est toujours à l’image de ce qu’il se vit intérieurement. Aussi toute action directement engagée sur celui-ci, à peu de chance d’aboutir ou de donner de bons résultats dans le temps ; il va être très difficile de travailler uniquement sur la forme sans prendre en considération le « fond ». En poussant un peu plus loin, c’est même le travail de conscience, en l’occurrence ici, la mise en lumière du conflit ou du mal-être, la compréhension de ce qui Est et son acceptation, qui aura une action sur le corps physique et en changera ses formes. Ainsi nous pouvons tout à fait comprendre par exemple, l’échec des régimes alimentaires, car c’est une action sur la forme, sur la partie visible de l’iceberg, sans regarder ou traiter le malaise qui se joue au travers de ce corps qui a tendance à stocker.
Nous avons une grande facilité à focaliser notre attention sur ce que nous voyons, sur ce qui est très concret, comme notre physique. Très souvent nous pouvons accuser notre corps, ou une partie de ce corps que nous considérons comme imparfaite, comme étant la cause de notre souffrance. Et nous passons une énergie folle à vouloir en changer, hors avec le temps, non seulement nous nous épuisons, mais surtout nous pouvons observer combien ceci est un monstrueux leurre et surtout sans fin.
Le corps peut être un allié extraordinaire quand nous décidons d'apprendre à écouter ce qu'il a à nous dire, cela demande un travail d’observation au quotidien, de nos sensations corporelles (tensions, vibrations, maux), de nos ressentis émotionnels ainsi que de nos pensées… Le tout bien sûr sans jugement de valeur.
Nous ne nous rendons pas toujours compte à quel point nous pouvons être dans le rejet, dans la maltraitance avec nous-même, en tout ou en partie. Alors que c’est très souvent ce que nous allons craindre des autres, qu’ils ne nous aiment pas tels que nous sommes… À mon sens, c’est également un leurre d’exiger des autres ce que l’on ne peut se donner à soi. L’acceptation et l’Amour réels commenceront lorsque nous nous accepterons et nous nous Aimerons nous-même entièrement.
L’Amour
Maud Marguerettaz, mis en ligne le 6/03/2019
Tout est Amour… La vie me pousse constamment à tendre vers l’Amour à ouvrir mon cœur, Que ce soit dans une expérience difficile ou à travers les personnes qui croisent ma route, c’est toujours une proposition d’ouverture, pour élargir ma vision, pour lâcher certaines croyances, pour aller au-delà de mes peurs et ses limites, pour dépasser mes émotions face à la différence, face à mes propres blessures…
La relation d’Amour est d’accepter l’autre tel qu’il est, sans vouloir le changer. Au-delà de ces défauts, de ces choix, de ce qu’il peut dire ou faire, c’est percevoir chez l’autre ses qualités fondamentales.
L’autre ne me blesse pas… C’est ce que je veux bien voir de lui qui peut me blesser… Il n’est qu’un miroir de moi-même ; si je vois chez une personne quelque chose qui me dérange ou qui me touche, c’est que cela fait écho à une partie de moi ou un défaut que je porte également, mais que je rejette. Or, si je suis touchée c’est qu’il y a une résonance en moi ou dans mon histoire, je dois la regarder, l’accueillir, m’ouvrir à cette partie sombre de moi, être dans le non-jugement, dans l’amour inconditionnel de ce que je suis entièrement, c’est-à-dire humaine et imparfaite.
Toutes nos relations sont une merveilleuse opportunité de tendre vers un peu plus d’Amour, vers une compréhension du cœur, de mon être en devenir. Car oui, l’Amour commence par s’Aimer soi-même, s’Aimer avec un grand A, tel que je suis et non tel que je voudrais être. Cela ne veut pas dire m’apprécier, ou apprécier quelques-unes de mes « qualités » cela veut dire m’accepter avec le cœur, dans l’accueil et la bienveillance de tout ce que je peux être ; dans mon histoire, dans mes relations, dans mes réactions, mes émotions, dans mes erreurs, dans mes réussites ou dans mes échecs…
La proposition d’Amour est partout et constante et c’est de l’ordre de ma propre responsabilité de faire le choix de m’ouvrir et de regarder ce qui Est.
Lorsque j’arrive à faire ce travail d’ouverture et d’acceptation de ma vérité ; de ce que je vois de moi et de ce que je ressens profondément, je peux enfin percevoir que je suis finalement bien plus que cela. Je ne suis pas ce que je fais, ce que je peux dire, ce que je pense dans l’instant présent… Je Suis Amour, vivant une expérience profondément humaine et je tends simplement, comme je peux, à me rapprocher de cet Amour.